De (auteur) Jean-Baptiste Comby
Ecolos, mais pas trop...
Ecolos, mais pas trop...
Paru le
SKU:9791097084363
Si une large part de la population est convaincue de la nécessité d’une
transition écologique, l’écologie peine encore à se définir comme une force
politique et une cause sociale, tant elle reste dispersée entre des intérêts
souvent antagoniques. Ce livre établit clairement les raisons de cette
dispersion, pour défendre la possibilité d’un programme écologique progressiste,
capable de se constituer autour d’un bloc populaire et majoritaire. Deux pôles
se disputent aujourd’hui la légitimité d’un programme politique écologique. Le
premier se satisfait d’une modernisation des appareils productifs, en s’en
remettant aux promesses de la finance verte ou de la géo-ingénierie ; faute de
bouleverser l’ordre social, il n’accouche d’aucun changement à la mesure de la
crise écologique. Le second fait de l’écologie promeut une vision exclusive et
maximaliste du changement qui vise à transformer en profondeur les manières
d’habiter la planète, mais qui oublie d’en interroger les conditions sociales de
possibilité ; il suscite la perplexité faute de tracer une voie réaliste,
effective et mobilisatrice. C’est bien parce qu’elle est frappée de cécité
sociale que l’écologie politique, dans ses différentes composantes, se brise sur
la puissante inertie des structures collectives. Avant même de débattre d’un
avenir durable, il est alors nécessaire d’opérer un retour sur les conditions
d’une adhésion massive à une écologie de la transformation. À l’ère de
l’anthropocène et des écocides de masse, l’analyse critique du capitalisme est
le point de départ de la construction de politiques écologiques qui ne se
réduisent pas à la valorisation de quelques mystiques qui ont réussi à changer
de vie, ou à l’héroïsation de la bifurcation de quelques ingénieurs. À rebours
des conceptions individualistes et apolitiques du monde, le débat écologique
doit tenir compte des mécanismes sociaux qui font que, malgré le désastre en
cours, la logique capitaliste se perpétue. Dans un contexte où il est de bon
ton, dans les milieux militants ou institutionnels, de parler d’une « écologie
populaire », l’écologie n’en reste pas moins écrite depuis le haut de l’espace
social, avec une tendance marquée à invisibiliser les différentes facettes de
l’injustice écologique : l’inégale vulnérabilité aux dégâts environnementaux de
toutes sortes ; les inégalités d’accès et d’usages aux espaces naturels et aux
pratiques culturelles qui peuvent s’y tenir ; l’inégal accès aux arènes
publiques où les problèmes environnementaux sont traités ; les contributions
différenciées des modes de vie ou des activités professionnelles aux nuisances
écologiques. Ce sont ces asymétries qui charpentent ce que l’on peut appeler la
condition écologique des classes sociales. L’analyse de l’inégale distribution
des coûts et profits associés à la question environnementale doit saisir
précisément où et comment cette condition écologique se différencie dans
l’espace social. Plus les fractions d’une classe sociale sont fragmentées, plus
il est compliqué pour ses membres d’élaborer des intérêts communs, et plus elle
est fragile politiquement. Or en l’état actuel du monde tel qu’il (ne) va (pas),
les politiques de l’écologie adoucissent les frontières entre les fractions de
la classe dominante mais accentuent celles qui traversent les mondes populaires.
Elles sont donc vouées à reconduire un ordre social écocidaire. La perspective
sociologique exposée dans ce livre permet d’esquisser la façon dont l’écologie
pourrait devenir un levier non plus de fragmentation mais d’intégration
politique. C’est en effet en combattant les fondements matériels de l’inégale
condition écologique des classes sociales que pourront se reconstituer des
alliances entre classes moyennes et classes populaires en faveur d’une
organisation sociale faisant de l’écologie l’un de fondements du vivre-ensemble.
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